Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick
Vendredi 30 juin
Tôt dans la matinée, j'arrive sur le continent, en Nouvelle-Écosse. J'ai moyennement bien dormi durant la traversée ; bien qu'il y avait de la place pour s'allonger par terre, les lumières restaient constamment allumées et c'est radical sur moi pour m'empêcher de dormir, bien plus que le bruit. Je comprends aussi pourquoi certains se bâtissaient de véritables cabanes de draps entre les sièges pour dormir. Par contre le fait de prendre mon déjeuné sur le pont avec le soleil rasant d'un bord et la côte au loin de l'autre valait bien ça !
Après le débarquement, j'ai 30 minutes pour visiter le petit village de North Sydney avant de prendre mon autobus. C'est assez joli, beaucoup de maisons de style britannique et bien entretenues et de belles églises.
Je passe le reste de la journée sur la route : depuis North-Sydney à l'extrême est, je traverse en autobus une grosse partie de la province jusqu'à Oxford. Les paysages sont moins beaux qu'à Terre-Neuve, plus monotones et plats. Et plus habités aussi, même si c'est très relatif.
De Oxford, pour aller à Pugwash, lieu où se déroulera le Gathering of the Clans, j'ai moins de chance et personne ne me prendra, je fais le trajet à pied. En fait, une personne aura quand même arrêté, une femme : elle était persuadée d'avoir reconnu son fils, qui est censé être en ce moment en Alberta pour se marier. Après m'avoir raconté sa vie (celle de son fils plutôt en fait) et insister pour me dire que je lui ressemblais vraiment… elle repars. Sympa…
J'arrive à Pugwash dans la soirée. Pugwash est vraiment un tout petit village, j'ai du mal à croire que c'est ici que se passe le plus gros évènement annuel traditionnel écossais. En plus il n'y a pas un chat dans les rues, la veille du Jour du Canada, tout est désert.
Les environs du village sont tous occupés par des maisons et terrains privés donc encore une fois, c'est compliqué pour y dormir. Après pas mal de recherche, je reviens finalement au cœur du village et me couche sur la pelouse derrière une église.
Samedi 1er juillet
Je suis réveillé par une petite pluie fine (je n'avais pas monté mon abri pour être plus discret), et heureusement car sinon je dormirai encore.
Il se passe plusieurs longues heures avant le début de l'évènement. J'attends sans rien avoir à faire. Puis le village se remplit peu à peu et devient plus animé, ça contraste vraiment avec la veille !
J'assiste d'abord à la parade du Canada Day, c'est beaucoup de véhicules de toutes sortes (police, pompier, tracteurs d'époque, vieilles voitures, quad, etc…). Pas très intéressant même si certains sont décorés de manière rigolote. Il n'y avait pas la GRC à cheval, les mounties, dommage… Mais il y avait des joueurs de cornemuse et tambour.
Gâteau pour les 150 ans du Canada.
Après ça, c'est le Gathering of the Clans qui prend la place, bien plus intéressant. J'assiste aux highland games, des lancés de poids, marteaux et troncs, c'est une réelle compétition entre les clubs de Nouvelle-Écosse.
Il y a aussi des concours de cornemuses (celui qui joue le mieux).
Puis une chorale.
Encore un défilé de joueurs de cornemuse et tambour.
C'est vraiment sympa.
Durant la journée, j'en profite aussi pour visiter la Thinker Lodge, là où de nombreux scientifiques et philosophes des 2 bords au moment de la guerre froide se sont rencontrés pour réfléchir ensemble à leurs responsabilités et aux actions à prendre pour le désarmement nucléaire. J'ignorais complètement qu'il y avait eu ce genre de mouvement durant la guerre froide.
En parallèle, rien à voir avec l'évènement, il y a aussi un marché fermier. J'en profite pour acheter une livre de fraises que j'engloutis complètement dans la journée, ça faisait tellement longtemps que j'avais pas manger de fruits ou légumes frais !
Après la fin de l'évènement, j'ai hâte de quitter le village, ça fait 24h que je suis là et je le connais par cœur à force d'aller et venir dans les rues. En plus je me dis que je vais profiter de tout le monde qui s'en va et avoir un peu plus de chance de me faire prendre cette fois. Effectivement ça ne tarde pas, et en plus de ça, la personne qui me prend est une musicienne qui participait à l'évènement ! Ça ne faisait pas longtemps qu'elle jouait, elle ne faisait pas du tout ça pour le coté traditionnel mais plus pour apprendre quelque chose de nouveau (elle était originaire du Nouveau-Brunswick à la base).
Elle me conduit direct au terrain de camping d'Amherst, ville où je reprendrais le bus demain pour le Nouveau-Brunswick. Le camping est moche, près de l'autoroute et avec douche payante. Tout ça pour 35 $ la nuit avec ma petite tente… Bref, un peu abusé mais ça me permet de m'installer sans problème pour la nuit.
Dimanche 2 juillet
Je pars en autobus pour Moncton, Nouveau-Brunswick.
La province du Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue, mais en pratique ça dépend beaucoup des régions. Le nord/nord-est, la côte acadienne, est logiquement plus francophone, au sud c'est l'inverse. Par défaut et dans le doute, je continue de parler anglais à Moncton (sauf au musée de l'Acadie que je visiterai demain, ça aurait été bête…).
Je visite un peu la ville mais, surtout, je mange un bon repas dans un pub et me trouve un parc pour aller y faire une sieste. Ça faisait longtemps que je n'avais pas mangé un repas complet et mine de rien, même si je fais beaucoup d'autobus et de pouce, je marche quand même énormément dans les villes et villages et le long des routes. J'avais compté lors de la préparation de mon voyage tous ces jours comme jours de repos (par rapport aux jours de rando) mais ils n'en sont finalement pas vraiment.
Je mange d'ailleurs enfin mon premier plat de homard, il était temps, l'avant-dernier jour de mes vacances ! Mais je n'avais pas eu l'occasion d'en déguster avant.
Je reste à l'auberge de jeunesse de Moncton pour la nuit, vraiment agréable, c'est une vieille maison en bois qui craque de partout, ça se voit qu'elle a eu pas mal d'histoire, 2 grands salons, une terrasse, une cour arrière, etc…
Lundi 3 juillet
Dernier jour de mes vacances, je suis triste de devoir arrêter mon voyage là mais d'un autre coté je suis assez fatigué et je ne me vois pas démarrer une troisième longue rando.
Mon covoiturage est à midi, ce qui me laisse du temps ce matin pour aller visiter le musée de l'Acadie à l'université de Moncton. C'est vraiment intéressant car jusqu'à présent malgré ce qu'on m'avait expliqué, je n'avais pas très bien compris ce qu'était l'Acadie et les acadiens, et surtout pourquoi ils se différenciaient tant que ça des autres canadiens français. Le musée retrace toute l'histoire de l'Acadie, des premiers immigrant à aujourd'hui en passant par la grande déportation. Il y a aussi une partie sur la culture et traditions acadiennes.
Le covoiturage du retour (de Moncton à Montréal en une traite) se fera justement avec une acadienne qui vit maintenant à Montréal et été retournée au Nouveau-Brunswick pour aider un membre de sa famille à construire une cabane écologique dans le bois dans le but d'y vivre en autonomie, un français en PVT qui voulait s'établir à Moncton mais finalement a décidé que c'était plus le fun de passer son année à traverser le Canada d'est en ouest et une Haïtienne qui faisait ses études à l'université de Moncton. Bref, que des gens super intéressants. Ça a aidé à passer les 10 heures de route.
Sur le retour, on est passé par le village au nom le plus ridicule que j'ai trouvé jusqu'à présent au Québec ; son nom se moque même de lui-même : Saint-Louis-du-Ha! Ha! (notez bien les point d'exclamation conservé dans le nom !).