C'est les derniers jours de mon voyage déjà... Ça fait bizarre. Je les passe à Vancouver à me balader dans les rues, le long du littoral, visiter le Musée de Vancouver, le jardin botanique et l'aquarium. Je suis un peu déçu par le jardin botanique (pas qu'il n'était pas beau, mais je cherchais plus à voir des plantes et arbres d'ici que du reste du monde), par contre l'aquarium mettait bien en valeur la richesse maritime de toute la côte ouest du Canada. Ça me donne presque envie de me remettre à la plongée. Il y avait également quelques mammifères marins, sauvés et soignés (un dauphin avec une nageoire en moins, une otarie de Californie aveugle) et des loutres de mer. C'est amusant de voir ces dernières se reposer, les 4 pâtes en l'air hors de l'eau, pour les garder au chaud.
Le littoral de Vancouver est particulièrement agréable, c'est des belles plages, des parcs et des petits ports sur plusieurs dizaines de kilomètres. Comme le centre de Vancouver est sur une sorte de presqu'île dans le long delta d'une rivière, Burrard Inlet, c'est assez facile de faire une boucle à vélo en longeant uniquement le bord de mer.
D'ailleurs je goute à la météo locale aussi : la pluie. J'ai eu probablement autant de pluie durant ces 4 jours que ce que j'ai eu durant tout mon voyage. Mais bon de ce qu'on m'a dit, il faisait beau jusqu'à présent à Vancouver.
Le quartier chinois est aussi assez impressionnant, le plus grand au Canada, et je me crois vraiment en plein dans une ville chinoise. Il y a des boutiques d'alimentation chinoises où tout est en vrac, des boucheries avec les animaux qui pendent, tout est en chinois, même les enseignes des banques et de Poste Canada ! Plein de Chinois ont immigré au Canada lors des 19 et 20 ème siècles dû aux ruées vers l'or successives qu'il y a eu dans la province, puis beaucoup ont été « importé » de Chine et de Californie par la Canadian Pacific Railway pour la construction du chemin de fer à travers les Rocheuses. La ligne Trans-Rocheuse, aussi impressionnante que tragique, a causé la mort de centaines de Chinois, sur-exploités, sous-payés, sous-nourris et laissés sans soins contrairement aux travailleurs Canadiens. Mais les accidents étaient surtout liés aux explosifs, que seuls les travailleurs chinois manipulaient évidemment. Comme pour les remercier de leur sacrifice suite à la finalisation du chemin de fer, le Canada a fait payer à prix fort le droit d'immigration aux Chinois, puis finit par interdire purement et simplement l'immigration aux Chinois. Il y a maintenant un mémorial aux travailleurs morts et en excuse à la population chinoise à Vancouver. Mais tout ça pour dire que, entre les Premières Nations, les Japonais et les Chinois, le Canada a une courte mais pas très glorieuse histoire en terme de discrimination des peuples...
Les logements à Vancouver sont hors de prix, et ça se voit réellement : plein de monde dort dans la rue, certains parcs sont remplis de tentes au matin... Certains quartiers sont extrêmement sales et délabrés, avec beaucoup de problèmes de drogues... Juste à côté, il peut y avoir des quartiers fortunés avec des larges maisons résidentielles et vue sur la mer et les montagnes. C'est a priori dû au fait que plusieurs villes ont fusionnées au fur et à mesure que Vancouver s'est développée. Cependant j'ai rarement vu autant d'inégalité dans une même ville, même grande.
Il y a quelques évènements organisés à l'auberge où je suis, dont une visite de la ville que je ferai lors de mon dernier jour et une tournée des pubs pour mon dernier soir. Mais ce n'est pas trop mon genre de pub où l'on ira, je n'aurai même pas goutté à une seule bière d'une microbrasserie locale de Vancouver...
Donc voilà, après la journée de visite de la ville, je quitte le groupe et pars en direction de l'aéroport pour prendre un avion de nuit qui me ramène au Québec, le 31 octobre au matin.
Quelques paragraphes en guise de conclusion de mon périple :
La Colombie-Britannique a une diversité incroyable de paysages, entre les différentes chaines de montagnes, des volcans (dont certains toujours en activité), la côte pacifique avec ses fjords et ses îles, un désert, des grandes plaines... Et tous ces endroits ont leur végétation propre. C'est bien plus diversifié que ce que j'aurai imaginé ! De ce fait, on peut vraiment pratiquer à peu près toutes les activités de plein air possibles : randonnée pédestre et équestre, canot d'eau vive et d'eau calme, kayak de mer, plongée, escalade, spéléo, alpinisme, ski alpin, de randonnée, de fond, vélo de montagne. J'en oublie probablement, mais pour chacun de ces sports, la Colombie-Britannique offre des endroits exceptionnels et réputés. Les gens d'ici en s'ont conscient et c'est assez cool de voir que beaucoup de monde sont à fond dans un sport. Je compare au Québec où, quand les québécois parlent de randonnées ou d'expéditions, ça ne va généralement pas très loin (sauf en canot à limite), ce qui me frustre vraiment.
C'est aussi facile d'y trouver des petits villages ou villes très jolies, avec une communauté d'habitants heureux d'être là et fière de leur ville, avec leur mode de vie propre, très loin d'être "américanisée". Surtout dans le sud de la province. Et je dirai même que, bien que beaucoup de québécois se disent moins "américanisés" que les canadiens anglophones, je ne suis maintenant plus du tout convaincu que ce soit vrai. Si je devais m'installer au Canada, c'est sans hésitation dans cette province que je viendrais.
Malgré ça, je commence à me lasser du Canada : déjà j'ai réalisé que je perdais mon temps au Québec, en comparaison à la richesse en paysages et activités qu'il y a ici. Mais même au delà, je commence à me lasser de la culture ici. Toute la richesse culturelle en Europe et toute ses traditions, son histoire, me manque, ici où tout est trop superficiel. C'est vraiment marrant car Joan et John (de mon deuxième WWOOFing) me disait qu'ils s'étaient sentis trop oppressés par justement tout cette Histoire accumulée pendant des millénaires en voyageant en Europe, que chaque mètre carré de terre a été foulé par plusieurs peuples au fil des siècles, et étaient tellement content de retrouver des grandes étendues sauvages en rentrant chez eux. Bien que j'adore être dans la nature, je continue de préférer marcher sur une terre qui a accumulé plein d'histoire et découvrir des restes des civilisations passées, et ces grandes étendues vierges au Canada, je n'arrive pas à y trouver quelque chose de si exceptionnel finalement.
Concernant ces 4 mois de voyages sans voiture et seul : difficile de se déplacer et frustrant parfois, souvent même, mais je ne regrette pas mon choix pour autant. C'est quelque chose de n'avoir que ses pieds et un petit sac pour seule chose que je possède pour vivre pendant plusieurs mois. Oui, et une carte de crédit ; s'en passer serait réaliste mais c'est une étape supplémentaire, ce n'était pas trop le but durant mon voyage, mais une idée intéressante à expérimenter. Avoir juste un sac vraiment minimum était vraiment d'un énorme confort, encore plus que ce que j'étais déjà convaincu au départ. Vu que je faisais et déballais mon sac très souvent, le fait d'avoir juste le minimum d'items faisait que ça aller très vite et je n'avais pas de craintes d'oublier un truc quelque part. Et bien sûr, c'est bien plus pratique pour se balader en ville et rentrer dans les magasins, prendre le bus (ça passait même généralement en bagage cabine), etc. Je n'ai pas vraiment manquer de quelque chose, en tout cas rien qui m'aurait procurer plus de confort comparé au poids et à la taille de mon sac. Je n'aime pas particulièrement faire du pouce, mais entre ça et louer ou acheter une voiture, je préfère la première option, pour avoir pu rencontrer plein de personne intéressantes (ou pas [*]). C'était pas facile souvent car tout est vraiment fait de partout pour les voitures. Je l'ai pris comme un défi au bout de moment, pour prouver qu'on pouvait voyager dans ce pays sans avoir sa propre voiture. J'ai eu des moments où j'étais clairement écœuré mais j'ai réussi à relever le défi. Je pense que je me serai senti complètement isolé si j'avais eu une voiture. J'ai rencontre plusieurs autres voyageurs qui avaient opté pour la seconde option, certains arrivaient à faire suffisamment de rencontres, d'autres moins et se sentait effectivement un peu seul. Mais j'aimerai quand même expérimenter la deuxième option : acheter une voiture aménagée ou un camper van (très facile, ça se passe de voyageur en voyageur) et partir avec pour plusieurs mois. Ça permet d'économiser les frais de camping (on peut dormir n'importe où sur le bord de la route sur les terres publiques au Canada) et permet de transporter beaucoup plus de matériel, d'acheter de la bouffe en gros (j'ai perdu beaucoup d'argent en achetant en quantité minimaliste à chaque fois) et bien sûr de pouvoir aller explorer des endroits bien plus reculés en suivant les backroads et routes forestières.
[*] J'ai même étais pris par une personne croyant à la théorie que la terre n'est pas ronde (mais pas plate non plus !), tout ça parce qu'on ne pouvait pas voir la courbe de l'eau sur Kootenay Lake, alors que selon lui on devrait. J'ai bien rigolé quand il tentait de m'expliquer ça !
J'ai fait beaucoup de rencontre intéressantes, mais rien qui me mène bien loin au final. D'un côté j'aurai aimé trouver des compagnons de route pour un bout, d'un autre j'avais tellement une idée bien précise de ce que je voulais faire et pas assez de temps (à cause de la saison, pas de la fin de mon voyage) que j'étais de fait plus « dans mon trip » et moins ouvert aux opportunités. C'est je pense le principal regret que j'ai.
Comme je me disais lors de mon passage dans les Rocheuses, je n'ai pas eu le temps de visiter tous les coins de la Colombie-Britannique que j'aurais voulu, et si je devais y retourner (j'y retournerai peut-être, à voir), ce serait pour le Yukon, Haida Gwaii et retourner dans les Rocheuses. C'est d'ailleurs sans hésitation que je classe les rando faites dans les Rocheuses parmi celles que j'ai le plus appréciées de mon périple, pour leurs paysages. Et mon expédition de canot à Bowron Lake et de kayak de mer près de l'île de Vancouver arrivent en deuxièmes pour le fait que ça me changeait de la marche et m'a donné envie d'en refaire.
Pour ce qui est du WWOOFing, j'ai globalement très bien apprécié l'expérience. J'ai plus choisi mes hôtes en fonction du lieu où j'étais/je voulais aller. Mais sans contrainte géographique, j'aurai eu la possibilité de faire plein d'autres choses : travailler dans un ranch, dans des vergers, des vignobles, avec des chèvres et des moutons et apprendre à faire du fromage (un de mes objectif), dans des boulangeries, cultiver et transformer des plantes médicinales, construire des habitations écologiques pour de l'écotourisme, etc. Travailler avec des gens avec des modes de vie complètement différents : des fermes off-grid avec leur propre source d'électricité (j'avais même contacté une ferme qui avait monté un fournisseur Internet associatif !), qui utilise le moins de pétrole possible, qui tentent de se sufir à elles même en produisant ou construisant tout de zéro ou avec de la récup... Les opportunités en WWOOFing sont presque infinies !
Après avoir travaillé 3 semaines dans ses fermes, ça m'a à la fois convaincu de ne pas avoir de potager et d'en avoir un. Pas convaincu en raison du travail que ça implique : s'occuper du potager n'est que la partie visible de l'iceberg, dernière il faut s'occuper de la conservation des récoltes pour l'hiver, de la préservation des graines pour la saison suivante, de "cultiver" le compost... Passer tout ce temps juste pour ne profiter qu'à moi, ça ne me donne pas envie, par contre avoir un jardin partagé entre voisins et se répartir les tâches et les récoltes, je trouve ça plus intéressant.
Au niveau de l'anglais, j'ai pas vraiment l'impression d'avoir plus de facilité dans la langue après ces 4 moins malheureusement... Je pense quand même que j'arrive mieux à comprendre les gens (notamment dans les endroits bruyants ou avec des forts accents) et j'ai plus de vocabulaire et d'expressions courantes, mais j'ai toujours autant de difficultés à m'exprimer, ce qui est vraiment frustrant pour avoir des conversations avec d'autres personnes.
J'ai aussi réussi à me passer d'ordinateur pendant 4 mois et tout faire depuis mon téléphone, ce qui n'était pas facile tous les jours. La seule chose qui nécessitait absolument un ordinateur était le tri de mes photos. Les cybercafés au Canada ça ne court pas les rues/villes, mais généralement je pouvais avoir accès à un ordinateur pour 1h par jour dans les bibliothèques. Ça dépanner mais clairement c'était ce qui ralentissait la publications de mes récits.
La fin de ces 4 mois atteinte, c'est difficile de dire si je suis content de rentrer ou pas. J'avais bien en tête que mon voyage se terminait fin octobre et donc je voyais la fin du voyage arriver et eu le temps de me faire à l'idée, rien de surprenant. L'hiver qui arrive a aussi fait en sorte de me faire naturellement à l'idée que ça se terminait. D'un autre côté je pense être un peu fatigué de voyager d'une ville à l'autre et de randonner. Mais je me suis en même temps fait au mode de vie où rien n'est pareil d'un jour à l'autre et n'ai pas trop envie de reprendre une vie de routine à travailler du matin au soir. Donc clairement, ça m'a donner envie de poursuivre ce genre de voyages !