West Kootenay

Cette fois c'est la bonne, je quitte Calguary (sans aucun regret) et les Rocheuses (avec regret). J'aurais aimé remonter les Rocheuses plus au nord pour aller randonner dans Mount Robson Provincial Park et Willmore Wilderness Park notamment, mais la météo n'est pas trop de mon côté, je serai confronté à encore pas mal de neige.

J'arrive à Nelson, une petite ville, capitale régionale du Kootenay. De suite c'est un choc, cette ville est géniale. Impossible de me croire en Amérique du Nord en me baladant dans les rues ; je ne vois que 2 fast food (il y en aurait plusieurs dizaines pour une ville de cette taille), pas de grandes zones commerciales qui s'étalent tout autour de la ville, au lieu de ça il y a plein de commerçants locaux, une boulangerie qui fait du vrai pain, une boucherie bio, un poissonnier (super rare au Canada), une fromagerie avec des fromages locaux (qui me permettra de goutter pour la deuxième fois un fromage de Colombie-Britannique), des micro-brasseries bien sûr, plein de boutiques de réparation de vélos, des bouquinistes, une coop alimentaire qui vend à peu près tout en vrac... Ils ont 2 marchés paysans par semaine, un programme de partage de voiture entre voisin, en plus d'un site de covoiturage local. Il semble y avoir énormément d'événements artistiques, plein d'initiatives citoyennes et d'activités associatives. Tout ça pour une petite ville de cette taille, au Canada, c'est fou. Le centre-ville est constitué de plusieurs vieux bâtiments historiques réhabilités, ce qui le rend assez joli. La ville est au bord d'un des bras de Kootenay Lake, avec une belle plage municipale, et tout autour c'est des moyennes montagnes, avec des hautes montagnes pas très loin en voiture. Bref, je me verrai bien habiter ici !

Je passe la nuit dans la ville. Le lendemain Daphne vient me chercher. Daphne est une vielle dame, professeure de Tai Chi, chez qui je vais passer une semaine en WWOOFing. Elle a une petite maison dans la Slocan Valley, une vallée parallèle à celle où se situe Nelson et cultive un potager pour ses besoins. Elle est en couple avec Bob, un ancien garagiste/ferrailleur, qui a lui aussi une maison avec un potager, quelques arbres fruitiers et des poules, un peu plus loin dans la vallée. Je passerai du temps aux 2 places.

C'est la première fois que je fais du WWOOFing. C'est difficile de dire ce que j'en pense après une semaine. Ce n'était ni extraordinaire, ni une perte de temps, mais il y a des choses qui ont fait que mon séjour n'était pas "génial". Les premiers jours, j'étais chez Bob. C'est une personne encore plus introvertie que moi, ce qui rendait les conversations pour le moins assez difficiles et les réponses à mes questions et curiosités tournaient en moyenne autour de 3 mots. J'ai très peu travaillé en étant chez lui, il faisait tout lui même, mais comme je ne savais jamais quand il allait avoir besoin de moi, je restais toujours pas loin, ce qui fait que je m'ennuyais pas mal. Je n'ai rien appris d'intéressant sur son potager en restant avec lui. Il faisait par contre un super crumble avec les prunes de Daphne, on en mangeait 2 fois par jours.

Daphne était complètement différente. Déjà les premiers jours il a fallu que je m'habitue à faire face au bazard qui régnait partout dans sa maison, je n'imaginais pas qu'une personne seule puisse accumuler autant d'objets dans une aussi petite maison. Tout était mélangé, des outils, des vêtements, de la vaisselle, des bibelots, de la paperasse, des livres, des pots d'herbes et fruits séchés, tout ça sur les meubles, par terre, sur les marches d'escalier. Inutile de dire que le ménage n'avait pas était fait depuis plusieurs mois. Au bout de quelques jours heureusement, elle a fini par dégager 2 petites places sur la table pour qu'on puisse y manger. Je dormais sur un lit dans l'entrée, ce qui fait que je n'avais pas d'intimité. Une seule journée suffisait pour que je trouve du nouveau bazard apparu magiquement sur mon lit. Donc j'essayais d'être dehors le plus possible. Avec Daphne, je travaillais beaucoup, mais c'était beaucoup de petites taches. J'ai fait plusieurs choses qui me plaisait bien comme cueillir et trier les prunes, déshydrater des herbes et des prunes, récolter des pommes de terres, faire des conserves... Je faisais aussi beaucoup son assistant ce qui était un peu pénible, surtout quand il s'agissait de l'aider à chercher un truc en particulier dans sa maison (son bazard). Dans ces cas là je faisais juste semblant, j'allais pas commencer à toucher à tout ça, ou tout aller s'écrouler.

Malgré son bordelisme aigu et quelques idées bien fixes, c'était une personne sympathique pour discuter. Elle parlait quelques mots de français aussi. En fait à la base je voulais faire mon premier WWOOFing chez un hôte bilingue anglais-français histoire d'être un peu plus à l'aise pour découvrir ça, il y en a plein en Colombie-Britannique. Mais finalement c'est plus moi qui lui apprenait des mots de français.

Bob et Daphe allait à une chorale organisée entre voisin chaque semaine, ce qui fait qu'ils m'ont emmené avec eux. Bob m'a aussi emmené à une foire agricole dans la vallée. Mais je n'ai eu aucun jour de repos dans ma semaine pour profiter des alentours, ni aucun temps libre pour moi.

À la fin de la semaine, j'étais content et soulagé de partir. Maintenant que j'ai eu une première expérience, je sais un peu mieux les détails à éclaircir et à m'assurer avant de m'engager avec un futur hôte. J'ai hâte d'aller chez d'autres personnes pour avoir une expérience différente maintenant.

Daphne me ramène à Nelson, et je me prépare pour une courte rando dans Kokanee Glacier Provincial Park.

Le relief de la région est assez particulier : trois chaines de montagne principales traversent le Kootenay du nord au sud : les Monachees, les Selkirk et les Purcell Mountains. Ce sont des hautes montagnes, très calcaires, avec des sommets dans les 2500 m. Entre ces chaines de montagnes, des longs lacs de plusieurs dizaines de kilomètres remplissent les vallées. Le plus grand, Kootenay Lake fait 144 km de long pour seulement 4 km de large ! Les lacs sont bordées par des moyennes montagnes aux sommets boisés et arrondis. L'accès aux hautes montagnes est rendu assez compliqué car les axes de circulation sont essentiellement dans la vallée et les seules routes qui montent dans les montagnes sont des routes forestières en mauvaise état qu'il faut suivre pendant des dizaines de kilomètres.

Kokanee Glacier Provincial Park est assez populaire cependant, donc j'ai assez de chance pour rencontrer un camion monter là-haut.

Il y a pas mal d'opportunités une fois là-haut d'explorer les alentours pour plusieurs jours. Mais les prévisions météo ne sont pas terribles et je dois rappeler un hôte pour mon prochain WWOOFing rapidement donc je ne prévois que 2 jours là-haut.

Il y a beaucoup de porcs-épics dans le coin, et c'est amusant de voir le monde protéger leur camion avec du grillage sur le stationnement. Les porcs-épics ont tendance à ronger tout et n'importe quoi, et notamment la gomme des pneus et... les câbles de frein. Quels farceurs ces porcs-épics !

Je passe le premier jour à monter aux lacs et tenter d'aller voir le glacier. La première tentative, en montant par le "Keyhole", un pas dans une barre rocheuse, est un échec : rendu vers les 2500 m, il y a trop de neige transformée et gelée, sans crampons je n'arrive pas à grimper plus sans glisser. Je fais demi-tour et monte par un autre accès voir le versant nord du glacier. J'y arrive mais je ne vois qu'une petite partie, depuis le keyhole on pouvait le voir dans toute ça longueur.

Toute la région a été énormément exploitée pour sa richesse en cuivre, argent et autres minerais. Je vois beaucoup de vestiges et d'ancienne entrées de mines, à plus de 2000 m d'altitude, ça ne devait pas être facile !

Je me réveille le lendemain sous quelques centimètres de neige fraîche. Je me dirige vers Saphyr Lakes, deux très beaux lacs au milieu d'une belle prairie d'alpage normalement, mais je suis complément dans les nuages, il neigeote et vente fort, et tout est recouvert de neige de toute façon. Les lacs n'ont rien de particulier comme ça, je ne vois même pas leur extrémité. Je voulais aussi monter à Glory Bassin, un cirque glacière, mais aucun intérêt si je ne vois rien autour. Je décide de redescendre et revenir à Nelson un peu plus tôt que prévu donc. Beaucoup de pluie est prévue pour les prochains jours, donc de la neige ici haut, et je ne pense pas qu'elle fondra complètement, je pense que j'ai profité la veille du dernier jour sans neige de la saison.

En tout cas le paysage était complètement différent des rocheuses, c'était des hautes vallées glacières, très peu boisées et très rocailleuses, avec beaucoup de lacs d'altitude. Très peu de hautes falaises aussi. Ça rendait le terrain idéal pour du hors sentier, et l'endroit est aussi populaire pour du ski de randonnée l'hiver, à cause des grandes pentes douces et dégagées.

Je reviens à Nelson (pour la troisième fois) pour la nuit avec un couple d'Australiens futur-Canadiens. Et je repars le lendemain à nouveau pour une autre semaine en WWOOFing chez un couple, qui a un potager et quelques arbres fruitiers, sur la rive est de Kootenay Lake, à Crawford Bay.

Joan et John, mes nouveaux hôtes pour une semaine sont super accueillants et agréables. Ils vivent dans une très vielle bâtisse que John a complètement rénovée (je suis impressionné par la qualité du travail, c'est magnifiquement fini). J'ai pour moi tout seul une petite annexe avec salle de bain et cuisine (même si je mangerai tout mes repas avec eux), j'apprécie d'avoir mon coin à moi. De suite c'est très clair, je travaille 4 heures le matin et j'ai mes après-midi de libre ainsi que le week-end. Joan est botaniste et travaillait comme guide à Kokanee Glacier Provincial Park, donc j'apprends beaucoup de chose sur la faune et la flore de la région et sur ses techniques de jardinage.

Je travaille soit avec elle soit tout seul dans le jardin. Mes principales taches étaient de planter de l'ail, préparer la terre pour la prochaine saison, nettoyer et démonter la serre, sécher des herbes, majoritairement de la préparation pour l'hiver.

Pour mes temps libre, j'ai réparé un de leur vieux vélo pour me permettre d'aller me balader dans les environs. On est en plein dans l'automne, les arbres sont plein de couleurs et les sommets enneigés. Il y a quelques sentiers autour de Pilot Bay, sur Kootenay Lake, que j'explore un peu chaque jours.

Je suis vraiment intégré dans leurs habitudes de vie et comme la Thinksgiving a lieu durant mon séjour, j'ai aussi la chance d'assister au diner avec Joan et John et la famille de leur fils. Comparé à un repas de famille en France qui s'éternise pendant des heures, ici en moins d'une heure c'est expédié !

J'ai bien mieux apprécié cette deuxième semaine se WWOOFing, être avec 2 personnes différentes est aussi plus agréable je trouve. Même si j'étais un peu triste de les quitter, je commencais aussi à m'ennuyer un peu (il n'y a pas grand chose à faire autour de Crawford Bay), et c'est parfois difficile de s'adapter à certaines habitudes de la maison.

John me laisse au terminal du traversier sur Kootenay Lake et je poursuis ma route vers Kaslo, puis New Denver, deux petits villages très jolis au bord de Kootenay Lake pour Kaslo, Slocan Lake pour New Denver. Le gars qui m'a pris à Kaslo me laisse à mi-chemin avant New Denver. Il y a un chemin qui suit une ancienne voie de chemin de fer de l'époque de l'exploitation minière de la région. Au lieu de refaire du pouce, je la suis. Le payasage est magnifique, je suis une étroite vallée, j'ai une vue sur les sommets enneigés des Goat Ranges et tous les arbres ont leurs couleurs d'automne dans la vallée. Le sentier est large et facile à suivre, ce qui me permet d'admirer le paysage, j'apprécie ce moment.

Au départ, je comptais me rendre d'abord à New Denver, y louer un vélo et revenir sur mes pas pour aller à Sandon, une ville minière abandonnée. Mais je n'ai aucune certitude que je puisse trouver une boutique de location à New Denver, et je peux me rendre à Sanson en continuant de suivre l'ancienne voie ferrée, j'y arriverai juste pour la nuit. Il me reste quelques restes de bouffe de ma précédente rando, ça devrait me suffire jusqu'au lendemain matin. Je ne regrette pas ce choix, tout le long je trouve des anciennes galeries et déchets de mines, des vestiges des machineries de l'époque et des anciennes centrales hydroélectriques qui alimentaient les installations. Il y a même quelques panneaux explicatifs au fur et à mesure que j'approche de Sandon.

Sandon n'est pas tout à fait une ville fantôme. Il y a 2 ou 3 maisons qui semblent encore habitées et elle a été un peu aménagée avec un musée et une boutique de souvenir. Mais ceux ci sont fermés pour la saison (je vais être confronté à pas mal de cas comme ça à partir de maintenant, beaucoup de choses ferment après la thinksgiving, la saison touristique est finie), donc finalement ça fait vraiment ville abandonnée. Il ne reste plus beaucoup de bâtiments comparé à ce qu'il y avait à l'époque, dû à une grosse inondation qui a tout rasée, il y a surtout beaucoup de vielles machineries. Chose amusante aussi, il y a une centrale hydroélectrique toujours en fonctionnement qui alimente quelques lumières. Assez insolite, je peux recharger mon téléphone durant la nuit dans une ville fantôme !

Je quitte Sandon le lendemain en direction de New Denver, toujours en suivant une ancienne voie de chemin de fer, et je la suis même au delà, le long de Slocan Lake avant de retrouver la route me rendre à Nakusp.

La région est occupée par beaucoup de japonais, la raison est qu'il y avait beaucoup de camps d'internement à l'époque de la seconde guerre mondiale. Comme pour les juifs en Allemagne, le Canada a déporté tous les Japonais (Canadiens ou pas) par train dans ces camps. Une autre période pas très glorieuse du Canada... Il y en a un à New Denver justement, transformé en mémorial, mais fermé, la saison touristique est terminée.

À Nakusp, le principal attrait est son établissement thermal, Nakusp Hot Sprints, à une dizaine kilomètres de la ville. Mais il y a aussi d'autres sources chaudes ailleurs dans la vallée. Plus compliquées d'accès sans voiture par contre. Me baigner dans une piscine aménagée je ne vois pas d'intérêt, par contre me baigner dans une source chaude en plein dans la forêt et voir concrètement d'où l'eau brulante surgie c'est plus intéressant. Je pars donc sur cette option et me rend à Halfway Hot Springs, en pouce puis en marchant les 10 km de route forestière. C'est une source sauvage aménagée, ou une source aménagée sauvage. Il y a des emplacement de camping sauvage et des basins de ciment et de pierres autour d'une des 2 sources. Il n'y a pas grand monde à part un couple de canadiens en vacances avec qui je me baigne.

J'aurai cru voir une végétation luxuriante autour des sources, voir un microclimat plus chaud, mais rien de tout ça, le sol n'est même pas plus chaud. Rien ne distingue ces sources chaudes de sources normales, à part un peu de vapeur d'eau qui s'échappe. L'eau est effectivement brulante, et même si elle a refroidi un peu dans les bassins aménagés, c'est pas facile d'y rentrer ! Par contre une fois dedans, impossible d'en sortir, c'est d'autant plus agréable qu'il ne fait pas chaud du tout. Au début rien qu'à l'idée de me déshabiller et de me mouiller, même en sachant pertinemment que l'eau était brulante, ça me donnait froid et pas du tout envie de me baigner !

Après cette agréable baignade, je reviens à Nakusp, j'aurai bien passé une nuit là au lieu du camping de Nakusp, le bain brulant à volonté pour le soir, ça doit être super cool. Je suis chanceux, je croise des travailleurs forestiers qui me prennent alors que je marchais toujours sur la route de terre. L'un d'eux me donne même quelques pine mushrooms. C'est tout un business les champignons en Colombie-Britannique. En fait surtout 3 : les pine mushrooms, les chanterelles et les morilles. Les 2 derniers sont exportés aux États-Unis et en Europe pour compléter l'offre locale. Et les pine mushroom ne poussent qu'en Colombie-Britannique et dans le nord-ouest des États-Unis et sont exportés au Japon où les japonais en raffolent visiblement (connu là-bas sous le nom de matsutake). De ce fait, beaucoup de personnes cherchent ces fameux champignons, qui peuvent être très abondants suivant les endroits, puis les apportent à des mushroom buyers qui les achètent et se chargent de les envoyer à Vancouver où ils sont ensuite conditionnés et envoyés au Japon pour être vendu très cher. Il est possible de se faire plusieurs centaines de dollars par jour avec ce job. J'avais déjà rencontré un gars qui m'avait parlé de ces fameux champignons et qu'il faisait ça en travail saisonnier, mais sans trop y prêter attention. Maintenant ça me tenterait bien de tenter ma chance, d'autant plus que pas besoin de permis de travail pour ça. Et, donc, j'ai gouté à ces champignons et ils ont en effet un goût et une texture très délicates.

Je ne m'éternise pas plus à Nakusp. Je prévois être à Vernon ce soir, dans l'Okanagan Valley. En fait j'ai hâte d'être là-bas. Ici il fait froid, humide et peu de soleil. Dans l'Okanagan Valley, il ne fait guère plus chaud mais le temps est toujours au beau fixe. J'ai envie de retrouver un peu de chaleur.

Ce sera la journée la plus pénible de mon voyage. Environ 200 km sépare Vernon de Nakusp. Il y a une route qui relie les 2 villes avec quasiment rien entre les 2 à part quelques hameaux et fermes, même pas d'intersections. Je me dis que ça sera facile pour faire du pouce et qu'une journée entière sera amplement suffisante. Les gens ne peuvent aller qu'à Vernon part cette route. Eh bien non, après 6h je n'ai fait qu'une petite cinquantaine de kilomètres, en 2 sauts et des heures d'attente. Ce n'est pas par manque de trafic, mais je ne sais pas ce qui se passe avec les gens d'ici mais personne semble me prêter attention. Au fil que les heures passent je me dis que ça ne va pas être possible d'être à Vernon ce soir. Je vais perdre le coût d'une nuit à l'auberge de jeunesse (pour une fois que j'avais réserve un truc en plus...) et j'ai bêtement mangé tout ce qui me restait durant la journée. Il est 19h, j'ai passé 11h à attendre et marcher sur cette route, vu passer des centaines et centaines de voitures. Je suis toujours à plus de 100 km de Vernon et épuisé. J'ai plus aucun espoir d'être à Vernon ce soir, la nuit tombe de tout manière et il n'y a plus de trafic. Si j'avais écrit ce récit au jour le jour, j'aurais sans aucun doute écrit beaucoup d'insultes à propos de ces automobilistes. Là je me contenterai de dire que c'était tous des connards égoïstes. À la fin j'essayais d'imaginer toutes sortes de stratagèmes plus ou moins réalistes pour les faire s'arrêter, mais c'était trop tard, il n'y avait plus personne sur la route.

Alors que je me demandais si ça valait la peine de marcher quelques heures encore ou si je devais plutôt me poser pour la nuit, un véhicule arrive et, alors que je n'y voyais aucune chance surtout qu'il fait sombre maintenant, s'arrête. J'en reviens pas. J'en reviens encore moins quand il me dit qu'il va à Kelowna, bien plus loin que Vernon. Bizarrement je ne me rappelle plus de son prénom, mais c'était une personne agréable et très calme. Il revenait de faire des travaux à son chalet pour l'hiver et rentrait chez lui. Son camion (en fait un vieux fourgon de livreur de colis) était aménagé en véritable établi/quincaillerie, avec visiblement un rayon épicerie vu toute la nourriture qu'il me proposait.

J'arrive à Vernon 2 heures plus tard, épuisé moralement. J'en reviens pas d'être arrivé à Vernon (même le lendemain je continuerai de me dire ça). Je le remercierai jamais assez pour m'avoir sauvé de cette maudite route !