Randonnée dans la Stein Valley

J'arrive donc à Lytton, je trouve le village très joli, peut-être le plus beau que j'ai vu au Canada. C'est des vielles maisons mais ça se voit que les gens d'ici en prenne soin. La population est beaucoup agricole et autochtone, mais c'est très propre et les habitants semblent fier d'être ici.

Le temps est bizarre, il fait 30 °C avec un fort vent sec mais aussi des nuages bas et de la pluie froide. J'ai hate de commencer ma rando.

Je remonte donc la Stein Valley, qui contient beaucoup d'anciens pictogrammes autochtones et autres curiosités intéressantes. Le paysage ressemble beaucoup aux Alpes, mais la flore est différente, beaucoup de variétés de plantes que je n'ai jamais vu.

Dès le premier jour de rando, je recontre mon premier ours ! Il ne m'a pas entendu venir, et après avoir reculé et manifesté ma présence, il se montre un peu curieux. J'en ferai encore 4 autres dans cette rando, dont une mère avec ses petits qui se sont réfugiés dans un arbre (je n'ai pas vu les petits par contre, je ne me suis pas attardé) et un autre tout près de mon camp que je venais de monter le dernier soir. Je suis vraiment content d'en avoir vu autant, je ne pensais pas qu'il y en avait tant que ça !

Le sentier est très bien dégagé au début mais très vite il devient encombré de végétation et d'abres tombés. Je passe 2 jours dans le fond de la vallée à remonter les 60 km, avec quasiment pas de dénivelé. Il fait très chaud et humide. Ensuite, c'est l'ascension de plus 1000 m en à peine 5 km pour monter sur la crête qui mène au col. Ils ne font pas dans la demi-mesure ici !

Bien que le sentier soit un peu à l'abandon, toutes les traverses de rivières ont un pont ou une nacelle, ce qui est vraiment appréciable pour ne pas avoir à chercher un gué. Il y a aussi des sites de camping avec des food caches, bien pratique pour ne pas avoir susprendre mon stock de bouffe.

J'arrive à Tundra Lake (d'un bleu magnifique) puis au col, en traversant pieriers et névés (il reste encore énormément de neige). Il n'y a plus trop de sentier. Cette journée m'aura vraiment épuisée par la difficulté du terrain. Je redescend ensuite vers l'ouest, il fait beaucoup plus frais, je pense que j'ai basculé dans le climat plus tempéré de la côte pacifique.

Je n'ai pas parlé des moustiques, mais ils sont partout : du fond de la vallée jusqu'aux traversées de névés à plus de 2000 m, ils me suivaient (mois qui pensait enfin être tranquille en altitude...). Les moustiques d'altitude d'ailleurs semblent plus petits, plus vifs et ont tendance à tourner longtemps autour de leur cible avant de se poser, ce qui m'énèrve encore plus. Je marche avec ma moustiquaire de tête, je bois à travers, je mange avec, j'étoufe là dessous, j'ai l'impression de devenir fou. Je me dis qu'avant ma prochaine rando j'acheterai du chasse moustique au DEET, tant pis si c'est neuro-toxique, au point où j'en suis...

Après ces 4 jours, je rejoins la route 99 pour rejoindre Whistler. Je longe un moment la route pour trouver un bon spot pour faire du pouce, je vois un vieu vélo rouillé en contrebas de la route. Quelques mètres plus loins je me dis tiens ça serait pas mal ça un vélo pour rejoindre whistler au lieu de faire du pouce. Mais bon il doit probablement plus bien rouler. Puis bon maintenant j'en suis loin. Je m'installe pour faire du pouce et je réfléchis encore au vélo. Bon qu'est ce que ça me coûte d'aller voir si il roule en fait, il est à moins d'un km. Allez je vais le chercher ! Quelle bonne idée les gens ont des fois de jeter leur vieu vélo en contrebas de la route !

Et j'ai bien fait ! Il roule super bien, les pneus sont mêmes bien gonflés, il a juste un frein qui ne marche plus. Je fais les 15 km jusqu'à Permberton comme ça. La route est agréable et serpente entre les fermes et ranches, je suis dans un réserve autochtone, mais encore une fois c'est très propre et les gens semblent fier de vivre là. En roulant je me demande quand même si ce vélo n'était pas à quelqu'un, il est tout rouillé mais roule quand même bien. Il était près d'un lac, peut-être que quelqu'un l'avait laissé là pour aller pêcher ? Je m'imagine un instant avoir la police de la réserve à mes trousses... Mais je ne le saurai jamais. Je laisserai le vélo en vue sur la highway quand je m'en débarasserai.

Arrivé à Pemberton, je vois Whistler 35 km. Facile ! J'en ai déjà fait 15. Allez je continue. Mauvaise idée, c'est rendu une route de montagne, beaucoup de circulation, la route est moins jolie, j'ai un fort vent de face. Je passe les cols à pied en poussant le vélo (il n'a que quelques vitesses) et m'en sert dans les descentes. J'arrive à Whistler épuisé, 60 km sur un vélo après une journée de marche c'était un peu trop.

Le campground de Whistler est plein, je dois encore faire 10 km pour aller à une auberge de jeunesse plus loin. J'y arrive à 23h, heureusement encore ouverte, prend une douche et me couche direct.